Le Temps des Dolomites. Une balade en images
[PHOTOS] Notre série "Stratégie de montagne : le kit" est parvenue à mi-chemin. Pourquoi ne pas prendre le bon air des Dolomites et... le temps de la géologie ?
En cliquant sur le “petit cœur ” en tête de ce texte, vous donnez une petite impulsion supplémentaire à cette aventure qui me tient tant à cœur.
1/10. Dans les Dolomites, le temps qui passe sculpte une beauté chaotique en trois dimensions.
2/10. Le massif des Dolomites illustre la grandeur et la fragilité du milieu alpin. La durée des sociétés est dérisoire face à l’action conjuguée :
de la tectonique des plaques ;
de la poussée des masses vers le haut ;
de l’érosion des couches les plus exposées ;
du choc des variations climatiques actuelles.
3/10. La formation des Dolomites est un processus géologique complexe. Il est tout d’abord tectonique. Notez qu’à proprement parler, il n’y a pas eu de choc frontal : la plaque apulienne (disons la plaque africaine) a chevauché puis raclé la plaque européenne.
4/10. Si vous le voulez bien, entrons dans le détail.
Sans doute avec plus d’attention que ces chamois, nous contemplons des dizaines de millions d’années de stratification rocheuse. D’où viennent ces strates ? De quoi sont-elles composées ?
5/10. Ces strates sont une accumulation de sédiments marins. Avant que la plaque européenne ne passe sous l’africaine, un océan tropical les séparait ! Raclés et comprimés en peu d’espace, les fonds marins n’eurent d’autre choix que de partir vers le haut. Des fossiles fort bien conservés sont encore détectables.
6/10. De plus, les sédiments marins, notamment les coraux, se sont transformés petit à petit en dolomie, à savoir du carbonate double de calcium et de magnésium. Au coucher du soleil, les coraux qui composent une partie des Dolomites livrent aux yeux un spectacle extraordinaire : l’enrosadira.
7/10. En outre, comment expliquer un relief aussi tumultueux ? Comment donner du sens à ce premier plan ondulé et à ces masses accidentées au second plan ?
8/10. Après leur formation tectonique et le processus chimique de transformation de la roche, les Dolomites ont été soumises à l'érosion.
9/10. Les facteurs d’érosion ont été multiples : raclage par la glace (érosion glaciaire), éreintement par l'eau (pluies, neige et ruisseaux) et le vent.
Aujourd’hui et plus que jamais, sous l’effet du dérèglement climatique, le gel et le dégel ne cessent de faire varier les épaisseurs de la roche (car l’eau gelée prend plus de place que l’eau liquide). Elle finit par éclater, s’effondrer et former des chaos magnifiquement austères.
10/10. Résumons. Les mouvements tectoniques, les processus chimiques de transformation de la roche et les forces érosives ont sculpté la complexité des Dolomites. La masse de ce rocher n’a d’égal que sa fragilité face aux éléments. Un jour, les Dolomites ne seront plus qu’un vaste pierrier dont les matériaux finiront par nourrir les eaux de leurs minéraux.
Un retour à la mer, en somme.
La formation des Dolomites nous a propulsé dans la très longue durée, la plus impalpable mais aussi la plus spectaculaire. Riche d’enseignements, la durée géologique est une composante indispensable à toute réflexion sur le futur des Alpes. Elle a l’avantage de mettre les choses en perspective.
La fois dernière, nous avons montré que la connaissance du changement offrait des atouts décisifs face au court-termisme du contrôle de la montagne.
La fois prochaine, on assumera de démontrer que, loin d’être illisible, le futur des Alpes se dessine déjà sous nos yeux. Tout stratégie ambitieuse se doit de l’accepter, d’en tenir compte et, surtout, d’en tirer les conséquences.
En attendant ce nouveau remue-méninges, portez-vous bien.
Séverin Duc
Docteur en histoire, auteur et conférencier sur les Alpes.
CV : https://www.linkedin.com/in/severin-duc/
Contact : severin.duc@backfuture.fr
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