2023 : une grande année
S’il est une chose qui ne disparaîtra jamais, c’est bien le futur. C'est pourquoi les Alpes du demain se préparent aujourd'hui et dans la durée. Back/Future prend sa part et vous explique pourquoi.
Les Alpes sont riches de leurs joies, de leurs habitants et de leurs histoires. A travers le temps, leurs quêtes, leurs désirs, leurs initiatives individuelles et collectives ont tissé quelque chose qui s’appelle un lieu de vie. Or, les Alpes changent sous l’effet du climat, des défis environnementaux et des inquiétudes énergétiques.
Après avoir intégré le progrès à grand vitesse, la montagne est sommée de changer au plus vite, à pas cadencé. En bref, vu des villes, c’est toujours un peu la même histoire : les montagnards sont un peu des sots.
Mesure et raison s’imposent.
La première bougie de Back/Future est une bonne occasion de montrer comment on peut proposer, dans les Alpes, une autre narration collective, plus sereine et plus belle ; de ces récits qu’on a envie de mettre en pratique.
1/12. Pour fêter la première bougie de Back/Future, je vous propose de parler de territoires, d’actions et de collectifs, plutôt que de parler de progrès, de changement ou de ralentissement (les montagnes ne sont pas une voiture téléguidée).
A échelle individuelle et collective, je pense à toute action concrète et constructive mise au service d’un futur bon pour nous, nos enfants et nos petits-enfants. Pour ne pas être donneur de leçon, permettez-moi d’exposer ici mes convictions et les modes d’action que j’ai retenus.
Une fois n’est pas coutume, je parlerai un peu plus longuement de moi.
2/12. Rendre l’histoire opérationnelle, c’est un doux rêve qui m’a longtemps habité tandis que j’étudiais l’Italie du Nord livrée, au XVIe siècle, aux appétits extérieurs. J’ai découvert l’incroyable épaisseur historique de la Lombardie, la brutalité des troupes suisses, la rudesse des Espagnols et l’inadaptation proverbiale des Français au monde qui les entourent.
Douze ans de recherches (dont une thèse conduite sous la direction du meilleur : Denis Crouzet) me dotèrent d’un solide bagage méthodologique, historique et géographique. Un livre, un beau livre je crois, en témoigne.
Voici mon parcours universitaire “côté-pile”, du côté de la liberté. Voyons à présent le “côté-face”, du côté des aigles.
3/12. Un jour, en Sorbonne, une professeure (inconnue du grand public donc son nom n’importe peu) m’indiqua que j’étais trop jeune pour aborder des questions complexes. Avant l’âge de 40 ans, je devais me contenter de raconter des histoires. Puis, un éminent professeur arriva. Elle me coupa la parole, m’ignora puis s’empressa de le courtiser.
L’Université, c’est du Maupassant concentré-épicé.
Un jour, non loin du Palais Bourbon, un grand expert de la comédie humaine m’indiqua que seule la férocité des ecclésiastiques rivalisait avec celle des universitaires. Des anecdotes académiques, vécues à Paris, Milan et Rome, je pourrais en noircir des pages.
4/12. Était-ce cela l’histoire que j’aimais ? Le rang avant le respect ? La petitesse plutôt que la grandeur humaine ?
Comment se pouvait-il que le plus beau des savoirs soit transmué en outil de pouvoir ? N’étais-je qu’un naïf ramoneur savoyard parachuté dans une pièce de théâtre parisien ?
Quand on en vient à se poser des questions dont on connaît la réponse, c’est que le temps est venu de reprendre sa mise et son envol.
5/12. C’est une liberté retrouvée que je savoure d’autant plus qu’elle m’a ouvert à un questionnement qui ne cesse de me donner le sourire :
A partir de mes compétences historiques et de mes passions alpines, que pouvais-je faire pour aider nos montagnes à demeurer prospères mais aussi vivables ?
Plus simplement, quelle part, si modeste soit-elle, pouvais-je prendre dans les Alpes d’aujourd’hui et de demain ?
6/12. Depuis 2020, à force de tâtonnements, de réflexions, d’accompagnement, de discussions, des réponses ont commencé à émerger, puis c’est devenu très net, très clair.
Il me fallait analyser la situation actuelle des Alpes, la mettre en perspective avec les enjeux futurs et tester si leur histoire millénaire ne pouvait pas être notre alliée.
Chemin faisant, j’ai acquis la conviction que notre histoire alpine n’était pas un conservatoire gelé de traditions et de folklore, encore moins une carte-postale à usage touristique ou pire, une honte face à l’histoire vrombissante des villes.
L’histoire alpine est à la fois un ancrage et un tremplin, fait d’expériences, d’erreurs et de solutions. Ce passé fascinant va nous permettre, j’en suis convaincu, de nous projeter sereinement et collectivement dans l’avenir.
7/12. Comment rendre accessible mes convictions sur les Alpes du futur ? Il fallut bien des personnes que j’aime, des réflexions et des discussions pour déterminer une manière de faire.
En tout cas, Back/Future était né.
Depuis un an déjà, la newsletter “Back/Future : l’Histoire est notre Alliée !” trace son sillon patiemment et calmement. Par l’écrit et l’audio, je transmets ce que je sais faire le mieux (ma connaissance historique) au profit de ce que j’aime (mes Alpes) et de ce qui me préoccupe le plus (leur futur).
Et même un livre point à l’horizon 2024… oui, un livre !
8/12. La ligne éditoriale de Back/Future est aussi simple que rigoureuse : régularité, probité et simplicité. Plutôt que donner des leçons ou de créer des clivages artificiels, j’aime fournir des solutions ou, à tout le moins, donner des outils pour les faire émerger.
Le résultat me rend fier : les séries Les Alpes du Futur, Les Lieux des Alpes, Les Alpes suisses (oh la la, celle-là… 5 articles et 6 podcasts entre avril et septembre 2023 !) et Stratégie de montagne : le kit (encore un article et on est bon).
Tous les articles ont été déclinés en podcast, dans Le Format K7 de Back/Future. Conscient de n’être qu’un chamois parmi d’autres, j’ai aussi donné la parole à Xavier Cailhol et Nicolas Bernardi.
9/12. Pour répondre à nos enjeux présents et futurs, Back/Future m’a permis d’aller sereinement et tout en douceur vers des missions d’analyse et de conseil.
Désormais, je produis régulièrement des diagnostics historiques et des analyses stratégiques, matinés de prises de parole et de conseil en communication alpines, à destination des pouvoirs publics (qu’ils régissent une commune, un canton, un département ou une région) et d’acteurs privés (qu’il s’agisse de destinations touristiques ou d’entreprises qui souhaitent prendre pied dans les Alpes).
10/12. Prendre sa part, être fier de son travail et des collaborations établies, je suis heureux d’en faire la promotion. Cependant, cette promotion n’a de sens qu’au regard de ce qu’elle promeut : un questionnement exigeant et utile aux décideurs alpins, loin des solutions onéreuses et hors-sol des cabinets de conseil.
En bon montagnard, on les écoute et on les paie mais on n’en pense pas moins.
Leur litanie est bien connue. Elle alterne “changement” et “résilience”, “transition” et “développement durable”, “agilité” et “technologies futures”. Je dis “litanie” car la répétition a usé, jusqu’à la corde, des concepts intéressants. Ces derniers partent de tout façon assez mal puisqu’ils sont hors-sol, hors-territoire, hors-histoire, hors-montagne.
Les Alpes sont un tissu fin ; il faut respecter chacun des lieux et repartir d’eux.
11/12. Au contraire des lieux, personne ne croit dans les mots techniques venus d’ailleurs, car ils sont sans sujet humain. Désincarnés, ils sont privés de toute émotion et de tout enracinement. Dans le mot “transition”, je ne discerne pas d’amour et d’atouts du territoire, pas de récit collectif positif, pas de désir d’y aller tous ensemble.
Sujet technique par excellence, l’innovation technologique elle-même peut apparaître comme la solution miracle. Elle ne le sera pas car les miracles n’existent pas. Cependant, elle existe et peut être utile dans le cadre d’une stratégie ou d’une meilleure communication.
12/12. Ne pas subir le changement venu d’ailleurs mais au contraire l’acclimater et le maîtriser à leur profit, c’est une nécessité absolue pour les Alpes, comme les outils livrés par l’intelligence artificielle.
Qu’en faire dans les Alpes ? Dans quels domaines ? Et jusqu’où ? Est-ce que les acteurs politiques, touristiques, industriels et agricoles auraient intérêt à s’emparer de ces outils ? Si oui, lesquels et sous quelles conditions ? Si non, pourquoi ?
Regarder haut et s’ouvrir à l’avenir, quoi de mieux pour passer à l’action ?
Pour relever sereinement les défis qui nous inquiètent, nous avons le droit de repartir de ce que nous connaissons bien (nos territoires alpins) et nous rend fier (leur beauté et leur histoire, le sens de la communauté et l’esprit d’initiative).
Dans les Alpes, nous devons nous appuyer sur nos lieux, notre amour pour eux, nos connaissances historiques et géographiques, géologiques et environnementales.
Avec enthousiasme, il faut repartir de notre souci historique de faire société dans des conditions difficiles.
Pour agir, mettons de côté la pulsion de clivage et repartons de nos désirs individuels et collectifs, interrogeons nos compétences et voyons comment nous pouvons prendre notre part.
L’objectif est beau et en vaut la peine : rendre nos Alpes toujours plus vivables et prospères :-)
A bientôt,
Séverin Duc
Analyser, conseiller, communiquer dans les Alpes
CV :
www.linkedin.com/in/severin-duc
Contact :
severin.duc@backfuture.fr
Back/Future. L’Histoire est notre Alliée !, c’est une newsletter intelligente et bien écrite, avec de belles images (disponible sur Substack). C’est aussi un podcast bien conduit, avec de chouettes musiques : Le Format K7 (disponible sur Substack, Spotify et Apple).
Déjà un an... mais on ne lasse pas, le temps est syncopé, signe de l'intérêt permanent face aux millénaires ou millions d'années... continuez, sur quelque sujet que ce soit...