Que devient notre monde ?
Le monde dans lequel nous avons grandi tire sa révérence. Avec lui, son tempo, son horizon, ses espoirs et ses crises. Il faut rendre compte à la fois de son future et... de son histoire.
Depuis plusieurs années, qui n’a pas eu le sentiment de plus reconnaître le monde qui nous entoure, « notre » monde ? Un « quelque chose » d’amer et d’inquiétant reste en bouche. Il y a comme de la perte de repères dans l'air. Un air saturé d'inquiétudes. Mais comment rendre compte de « ce qui se passe » et surtout de « ce qui s’est passé » pour « en arriver là » ?
1/6. Le monde dans lequel nous avons grandi tire sa révérence. Avec lui, son tempo, son horizon, ses espoirs et ses crises. Notre temps actuel accumule en conséquence les étrangetés, les inconnues, les blocages et les peurs. Or, plus une époque devient complexe, plus on recherche la clé (unique et cachée) du jeu. Celle qui fera dormir à nouveau tranquillement. Cette clé n’existe pas. On voulait comprendre plus rapidement. On est juste plus inquiet, plus longtemps. On voulait le calme. On a le bruit et la fureur.
Mais alors, moi, comment écrire sans ajouter du bruit à la fureur ? Pour prendre le pouls du présent, il me plaît de convoquer l’Histoire, mais de manière énergique. Pas de façon statique et linéaire, ni dramatique ni politique. Il faut faire œuvre utile avec honnêteté, mais aussi avec beaucoup de souplesse et un peu d'originalité. A la manière d’un certain Retour vers le futur.
2/6. Il y a 30 ans, le professeur Francis Fukuyama pronostiquait la « fin de l’Histoire ». Pour lui, la chute du Mur et l’effondrement de l’URSS signifiaient que la paix, la démocratie et le libre-échange l’avaient emporté définitivement.
Sur quoi ? Eh bien, sur la guerre, les dictatures et les économies fermées. La suite lui donna partiellement raison, du moins globalement… Depuis lors, jamais les matières premières, les produits transformés, les capitaux et les personnes n’ont circulé autant et aussi vite.
Mais comment cela a-t-il été possible ? L’Occident aurait-il trouvé la formule de l'harmonie prospère et du présent heureux ? Hélas non. Et là, il faut regarder froidement la situation en face. Notre mondialisation, nos équilibres, notre croissance, c’est avant tout l’histoire des énergies mondiales mises à notre service. Notre mondialisation, c’est le produit mathématique des hydrocarbures du Moyen-Orient et de Russie, du travail de masse engagé en Chine et des capitaux de nos sociétés de consommation.
Les premiers instants du documentaire Fires of Kuwait (1992) résument ma pensée. Si vous ne l'avez jamais vu, regardez-le et... écoutez-le. Si notre monde devait avoir un son, ce serait peut-être celui-ci.